Pour la nation, pour les sportifs et non sportifs, pour les territoires concernés, les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont été un beau moment de partage, de bonheur et surement d’insouciance, dans une période où, la météo estivale aidant, le fair-play venu des tribunes, le bonheur de prendre part ou d’assister à un tel évènement mondial en France et dans des équipements dignes des J.O., ont prévalu sur le reste.
Pour l’ASL, la démarche enclenchée dès 2017 avec l’annonce de l’accueil à Paris des J.O.P 2024, s’est révélée efficace. Onze licenciés du club étaient présents (4 athlètes, 4 entraineurs, 3 juges), des bus ont été constitués pour aller encourager les athlètes paralympiques à Vaires-sur-Marne, l’Arrageois et le Stade nautique du Grand Arras ont accueilli des athlètes d’Afrique (Sénégal, Tunisie), d’Asie (Inde et Ouzbékistan), d’Amérique (Canada, Chili, USA). Une façon de faire des sportifs et des dirigeants de bons « citoyens » du monde. Et cela n’a pas de prix.
Pays sportif ou de sportifs ?
Il restera aussi de cet été inédit une animation pluridisciplinaire quotidienne où plus de 400 jeunes, ont pratiqué des activités ludiques et sportives grâce l’Office des sports d’Arras et la Communauté urbaine d’Arras. En témoignent les 1000 embarquements en canoë, dragon boat ou paddle, dénombrés lors des deux week-ends de la quinzaine olympique, en juillet-août. Et cela n’a pas empêché, comme chaque année, l’accueil de jeunes des quartiers et d’adolescents qui ont découvert une pratique sportive nautique sur la Scarpe. Du moins celles et ceux qui ne pouvaient aller sur l’Ardèche, le Tarn ou la Dordogne.
Comme le soulignait récemment un champion olympique, cette période ne peut avoir été qu’une parenthèse. Ce qui pose la question de savoir si notre pays deviendra un « pays sportif » plutôt « qu’un pays de sportifs » ?
Le rôle important du sport
Cela passe par le sport à l’école. Où en est-on des 30 minutes quotidiennes de sport, des 2 h de plus de sport au collège ? Où en est-on de l’aménagement des cycles scolaires favorisant le double projet étude et sport ? De ce point de vue, des avancées sont faites mais il faut les pérenniser. Pour l’ASL, l’époque s’y prête avec des responsables d’établissements (collège Verlaine, lycée Gambetta) convaincus des bienfaits du sport pour les jeunes élèves.
Au mois d’août tout le monde s’accordait à dire qu’au-delà du haut niveau, le monde du sport et le monde associatif ont un rôle important à jouer en matière de santé, de social, d’apprentissage de la citoyenneté et du vivre-ensemble. Et cela ne « coute pas cher » à la communauté au regard des nombreuses heures de bénévolat qui permettent d’encadrer, de gérer les licenciés, jeunes ou moins jeunes qui trouvent dans le monde associatif des copains, des amis, d’autres citoyens avec qui ils peuvent prendre plaisir à faire du sport, organiser ensemble et vivre en communauté .
On sait aussi que les encadrants des clubs doivent parfois accompagner des jeunes « à la dérive », au comportement compliqué. Parce que le « monde des bisounours » n’existe pas. Les associations se muent alors en écoles de vie. « C’est en tout cas, comme cela que les cadres salariés et bénévoles de l’ASL vivent leur militantisme associatif depuis plus de 50 ans».
Petit calcul enrichissant
Olivier Bayle, président de l’ASL s’est livré à un petit calcul… Il y a au club une quarantaine de personnes bénévoles régulières plus celles intervenant lors des organisations de la saison. Cela représente 10 560 heures de travail qui, rapportées au Smic horaire, correspondent à un montant est de 125 452 €… Le club ne paie pas ce travail mais sa valorisation rappelle toute la force du bénévolat dans notre pays.
Alors forcément quand une baisse de 33% du budget des sports de la nation est annoncée pour 2025, la « pilule » ne passe pas… « Quel message nous est envoyé », interroge Olivier Bayle ?
La théorie du ruissellement s’exerce à l’envers en passant sur les collectivités locales. La Ville de Saint-Laurent-Blangy et la Communauté urbaine d’Arras maintiennent leur soutien. Mais pour le Département et la Région qui subissent les effets drastiques des décisions venus du « haut », c’est plus compliqué alors même que leurs politiques sportives pour accompagner les thèmes dits structurants, sont exemplaires. Élus et techniciens sont dans des situations complexes. D’un côté, il y a la baisse des subventions qui ne sont pas des rentes mais des accompagnements financiers correspondant à des engagements : « On mouille le maillot pour cela ! » Et de l’autre, il y a les annonces auxquelles il faut s’attendre en cours d’année budgétaires qui vont compliquer la vie des clubs et mettre en péril les trésoreries.
« Oui, nous sommes des citoyens, poursuit Olivier Bayle, et le montant de la dette du pays (qui ne date pas de 2024) nous interpelle et questionne. Nos économistes et décideurs gouvernementaux ont-ils découvert en décembre l’état du compte courant du pays ? » C’est l’impression que cela donne !
Un équilibre à tenir
Pour toutes ces raisons, il parait évident que l’Olympiade 2028 s’annonce périlleuse. « N’y-a-t-il vraiment pas une autre voie que de dézinguer le budget alloué au sport et aux collectivités qui soutiennent les associations ? » Olivier Bayle le dit clairement : « Il faut préserver le monde associatif, véritable ciment du pays », pourvoyeur d’emplois et animateur des territoires.
L’ASL ne veut pas tomber dans la sinistrose. Son président surveille de près le budget qui comprend 50 % de financements publics, 32 % de partenariats et mécénats privés et 18 % de participation des adhérents. « Cet équilibre doit tenir » prévient Olivier Bayle qui, au passage, remercie les partenaires privés et les mécènes. Plus que jamais, l’heure est à l’innovation pour le monde associatif qui doit avoir des idées pour maintenir les emplois et le modèle économique. Dans ce contexte, la prochaine édition, le vendredi 3 octobre 2025, de la Scarpadonf (raid multi activités pour les entreprises, 163 équipes en 2024) prend tout son sens mais il faut aussi trouver d’autres idées et croiser les doigts pour que la « punition » infligée par l’État soit atténuée. « L’ASL s’associera à toute démarche responsable du mouvement sportif qui ira dans ce sens ».
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