Les membres de l’ASL Canoë-Kayak Grand Arras ont écrit hier soir (mercredi 11 septembre) la dernière page du livre de leur histoire de Paris 2024. Une dernière réception pour remercier les personnes qui ont pris part aux Jeux paralympiques : Edmond Sanka, 5e en kayak, ses coachs Virginie Bayle et Grégory Demory, ainsi que François Maucourant, entraîneur au sein de l’équipe de France.
Accueillis par le président Olivier Bayle, en présence des amis, des supporters et des membres du club, tous ont pu livré à l’auditoire leur ressenti sur ces Jeux paralympiques qu’ils ont vécus de l’intérieur.
Évidemment, la 5e place d’Edmond Sanka, à 5 centièmes de la médaille, était encore dans toutes les têtes. Depuis samedi, Edmond a eu l’occasion de refaire plusieurs fois la course dans sa tête. Un départ donné au moment où il recentrait le bateau dans le start, après avoir été légèrement déporté par le vent et un ultime coup de pagaie qui a fait défaut au moment du finish, expliquent les quelques centièmes qui le séparent du podium. Virginie Bayle parle aussi d’un coup de stress au moment de rejoindre la ligne de départ à cause d’un manchon qui n’était pas le bon. Autant de détails qui font qu’Edmond Sanka peut avoir le sentiment d’être passé à côté de quelque de grand. D’où sa déception après la course. Grégory Demory parle même, en ce qui le concerne, de « colère ».
Quelque chose de grand
Fort heureusement, quelques jours après cette course qu’on aurait aimé pouvoir refaire, chacun relativise. Certes, il n’y a pas la médaille convoitée, mais ce qui a été fait est quand même quelque chose de grand, au vu des résultats et des progrès réalisés en trois ou quatre ans par Edmond, passant du 16e au 4e rang mondial avec en prime une 5e place aux Jeux paralympiques.
Surtout, Edmond Sanka n’a pas déçu… Avec la générosité et la fraternité qui le caractérisent, il a su fédérer des sympathies, il a su rassembler des gens qui ont eu envie de vivre cette grande aventure avec lui… À commencer par les jeunes avec qui il s’est passé quelque chose. Les embrassades et les accolades au moment où, après la finale, Edmond Sanka retrouvait son clan, sont là pour en témoigner. Cela n’a laissé personne insensible et personne n’a envie que l’histoire s’arrête là.
Retour au Sénégal
Edmond Sanka qui repart demain (vendredi 13 septembre) au Sénégal, pour la famille, sera de retour à Saint-Laurent-Blangy pour la Régate internationale. IL y participera avec sa compatriote Combe Seck qui, après les Jeux olympiques auxquels elle a participé, est restée sur Arras. Mais une fois la régate passée, l’un et l’autre repartiront au pays avec l’espoir de pouvoir s’inscrire dans un nouveau projet, avec l’ASL Canoë Kayak Grand Arras, qui les conduirait jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028. Tout n’est pas encore calé financièrement mais il y a déjà eu une rencontre avec le ministère des sports et le comité olympique sénégalais pour se donner les moyens d’y parvenir. Olivier Bayle, le président du club, y travaille et se montre optimiste d’autant qu’il a déjà reçu des appels téléphoniques de personnes (des Sénégalais notamment) qui seraient prêtes à apporter leur contribution. À elles peut-être maintenant de prendre le relais de celles et ceux qui se sont investis dans la cause : Natacha et Dominique, la famille d’accueil ; Didier Michel et l’association Cap sur l’espoir ; les prothésistes et financeurs anonymes, etc.
La vie au village
Il n’y a pas lieu d’être déçu et « on n’a pas le droit de se plaindre ». dit Virginie Bayle qui a officiellement intégré le staff sénégalais pour être plus proche d’Edmond Sanka dont elle s’occupait déjà depuis plusieurs mois. « On a beaucoup travaillé ensemble sur le plan technique. J’ai découvert ses capacités, son courage. Il n’a jamais rechigné » notamment lors des semaines qui ont précédé l’échéance, lors d’un stage à Marcillac où il s’est tiré la bourre avec les jeunes. « C’est ce qui lui a permis de s’approcher de la médaille ».
Comme son alter ego, Grégory Demory qui avait déjà participé aux Jeux olympiques avec Combe Seck, Virginie Bayle a vécu durant quelques jours au village olympique où elle a pu mesurer le courage des athlètes handicapés qui sont très loin de tous pouvoir bénéficier de matériels performants pour les aider dans leur vie quotidienne. Ne serait-ce que pour se déplacer.
« Aux Jeux paralympiques, il y a quelque chose en plus », dit Grégory Demory. Le handicap : « ça les lie tous ensemble ». Reste que le village olympique est quelque chose de totalement déconnecté : « au bout de 15 jours, on perd pied ». Déconnecté, c’est sans doute d’autant plus vrai pour l’entraîneur immercurien, sénégalais durant tout l’été : « porter les couleurs d’un autre pays, au début ça fait bizarre, après c’est une fierté ». Son expérience n’est pas la même, quoiqu’aussi forte, que celle vécue par François Maucourant, entraîneur au sein de l’équipe de France, attaché à la personne de Rémi Boullé, médaillé de bronze en KL1… « Une belle médaille, même si c’était l’or qui était convoité ». Pour ces deux-là, la préparation aux Jeux paralympiques s’est faite au rythme des stages qui se sont enchaînés : situation très prenante aussi pour François Maucourant, autant auxiliaire de vie qu’entraîneur.
Trace indélébile dans les mémoires
On le voit, les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 laisseront une trace indélébile dans la tête de celles et ceux qui les ont vécus de l’intérieur, soit un total de onze personnes avec les athlètes, les entraîneurs et les juges. Ils ne seront pas oubliés de sitôt non plus par tous ceux qui ont accompagné et encouragé, jeunes et moins jeunes qui ont peut-être eu parfois le sentiment de faire partie des acteurs. En tout cas eux aussi auront aussi vécu de belles choses, grâce aux déplacements organisés par le club à Vaires-sur-Marne, grâce aux rendez-vous donnés sur le site du Stade nautique du Grand Arras où on a vu passer la flamme olympique, où on a pu côtoyer ou rencontrer des athlètes olympiques et paralympiques durant tout l’été : internationaux du club Adrien Bart et Loïc Léonard, les membres de délégations étrangères (Israël et Inde) et bien sûr nos Sénégalais qui nous retrouverons donc lors de la régate internationale.- Philippe VINCENT-CHAISSAC pour ASL
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