Cette fois ils sont partis. Direction le village olympique à Paris où ils vont prendre leurs quartiers avant d’assister, ce soir, à la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques. Ils, et elles, ce sont les athlètes étrangers qui étaient accueillis par l’ASL au Stade nautique du Grand Arras où ils s’entraînaient depuis quelques jours, quelques semaines, avant d’aller en découdre sur le bassin de Vaires-sur-Marne.
Hier soir (mardi 27 août), le club, heureux d’avoir pu les accompagner dans leurs derniers moments de préparation, leur a souhaité bon vent à l’occasion d’une réception organisée sur la terrasse. Premières concernées par cette manifestation de sympathie, les Israéliennes Talia Eilat et Irène Shafir qui ont passé un agréable séjour en terre arrageoise, en dépit des contraintes sécuritaires qui les ont privées, par exemple, de la cérémonie du passage de la flamme à Arras. Autre athlète concerné, l’Indien Yash Kumar, qui a fait le choix de se mettre quelques jours au vert, à Saint-Laurent-Blangy, au contraire de l’ensemble de la délégation indienne installée au village olympique dès son arrivée en France. Et puis, il y avait évidemment le Sénégalais Edmond Sanka, arrivé à Saint-Laurent il y a plus d’un an, membre du club à part entière (comme Combe Seck), tout juste rentré d’un stage effectué à Marcillac en compagnie de jeunes athlètes du club et de Gabin Keirel, partenaire d’entraînement.
Qualité, gentillesse et bienveillance
Invités tour à tour à prendre la parole par le président de l’ASL Olivier Bayle, les athlètes ont tous souligné la qualité de l’accueil et des installations, la gentillesse et la bienveillance des entraîneurs, de l’encadrement… De tout le monde. Mais plus que les discours, ce sont les visages et les regards qui témoignaient sans doute le mieux de leur plaisir d’être là. Sans tabou, les athlètes ont expliqué ce qui leur est arrivé, ce qui les a conduits dans un fauteuil et ce que leur a apporté le canoë-kayak. Polio à un an pour Yash Kumar, mauvaise réception pour la gymnaste Irène Shafir, intervention sur la moëlle épinière pour la danseuse Talia Eilat ou accident en service commandé pour Edmond Sanka, le sport d’une manière générale, le canoë-kayak en particulier, leur a permis d’accepter le handicap, de se construire ou de se reconstruire, après avoir un peu tâtonné comme Irène Shafir qui s’est essayée au kayak avant de faire le choix de la pirogue, plus stable.
Esprit de famille
Accueillir des athlètes étrangers en préparation était l’un des objectif de l’opération Terre de jeux qui arrive à son terme. Pari gagné pour l’ASL qui a su être réactive pour monter les dossiers, qui a su convaincre ses interlocuteurs, qui a su s’adapter pour répondre aux attentes des entraîneurs : Anil Rathi pour l’Inde ou Vittali Drozd pour Israël, un ami du club, de longue date. Olivier Bayle rappelait que ce dernier est venu pour la première fois à Saint-Laurent-Blangy en 1998 pour disputer ce qui s’appelait à l’époque la Régate de l’Artois. Il venait de Minsk, en Biélorussie, par la route, au cœur de l’hiver. De véritables aventures qui ont laissé des souvenirs indélébiles. Depuis, beaucoup d’eau est passée sous les ponts. Vittali Drozd a rejoint à Israël mais il n’a pas oublié l’accueil qui lui était réservé. Au départ la délégation israélienne devait aller à Montebello (Portugal) mais la qualité des installations arrageoises et le fait de savoir « qu’on serait un peu en famille » a changé la donne.
Médaille envisageable
Cet esprit de famille, il en a aussi été question avec Edmond Sanka (et la céiste olympienne Combé Seck) qui ont rejoint le club de l’ASL en juin 2023. Tous les deux vivent depuis lors chez Natacha et Dominique Dequéant qui les entourent de toute leur attention, plus encore de toute leur affection… C’est ce qui a fait la différence dans le projet qui a été monté. Edmond qui ne cesse de remercier toutes celles et ceux qui l’accompagnent, en est parfaitement conscient. Pour lui, la meilleure façon de leur dire merci serait de remporter une médaille ce qui est tout à fait envisageable. Ces derniers jours, il a encore beaucoup travaillé lors d’un stage à Marcillac (Corrèze) et une fois la cérémonie d’ouverture passée, il reviendra pour quelques jours à Saint-Laurent, le temps de se mettre au vert. Médaille envisageable, oui. Mais pour cela il doit absolument éviter de se mettre la pression, dit Olivier Bayle.
Déjà penser à l’avenir
Cette réception était enfin l’occasion de souligner que ce qui a été mis en place ne sera pas sans lendemain. Déjà d’autres projets se font jour. Olivier Bayle, a déjà évoqué avec le maire de la ville, la création d’une section sports à Ngor (près de Dakar)… Le club est prêt à donner un coup de main pour la partie canoë-kayak. Et puis on commence déjà à penser, un peu, aux Jeux de Los Angeles… Les amis sénégalais devraient encore pouvoir être de la fête. Que sera-t-il mis en place pour continuer à les accompagner ? L’avenir le dira en sachant que d’ici là, Gabin Keirel qui a manqué de peu la qualification pour Paris, sera compétitif. S’il n’est pas de la partie pour les Jeux paralympiques, sa saison sportive va néanmoins se poursuivre avec les premiers championnats du monde de paracanoë à venir, en Croatie. Une belle opportunité qui s’offre à lui, jeune athlète, pour prendre de l’expérience.
Rêver et continuer à travailler
Au vu de ce qui nous attend, les athlètes de l’ASL auront encore l’occasion de nous faire rêver, « ce dont nous avons bien besoin », comme le concède Karine Gauthier, vice-présidente du conseil départemental en charge des handicapés, qui découvrait le club hier soir. Séduite, elle a promis de revenir. Il est vrai qu’il y a encore beaucoup à faire dans le domaine du handicap, au besoin avec le concours des associations comme Handicap ou Pas cap qui a offert hier soir un fauteuil électrique à Edmond Sanka, à charge pour lui de trouver l’heureux bénéficiaire, au Sénégal où c’est tout un container de matériels qui va être expédié.- Philippe VINCENT-CHAISSAC pour ASL
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